Mon travail met en lumière les effets du temps sur ce qui nous entoure et valorise les décors de notre quotidien que nous avons tendance à ignorer. Je m’interroge sur notre rapport au territoire, aux objets, à notre environnement et à  l’intime. Je m’attarde sur le banal et les choses communes.  Je m’intéresse aux éléments que nous avons toujours connu et que nous pensions toujours connaître. Je préfère l’ordinaire à l’extraordinaire, cette approche me permet de trouver des ancrages dans une société en perte de repères. Je m’efforce de montrer des micro-histoires, des fragments du quotidien, des extraits de vies silencieuses, des gens « sans-histoire », un ensemble d’éléments qui serviront de décor à une histoire plus visible.

Mes séries se situent à la frontière entre le documentaire et le sensible, une forme qui pourrait puiser ses sources dans le réalisme poétique. Je travaille à partir du réel que je teinte d’une couleur ou d’une émotion. La photographie me permet de travailler avec des instantanés, des instants infimes qui se retrouvent capturés éternellement. À l’instant précis du déclenchement j’enregistre une vérité éphémère que je transfère sur les grains de mon négatif. Cette matérialité retrouvée leur donne une réalité, comme un témoignage de leur existence passée. 

Je ne tente pas d’imposer un propos, mais plutôt d’ouvrir des espaces mentaux dans lesquels peuvent s’engouffrer nos imaginaires, nos souvenirs et les traces d’un passé-présent.