PNEUMA

« Au plus profond du travail de sa gorge, là

d’où vient le souffle, où il prend ses débuts,

d’où doit venir le drame, doux, coïncidence,

émerge tout acte. »

Charles Olson

Impression UV recto-verso - Papier de soie - Dimension 180x100cm

68 pages - Papier Cyclus 80g - Couverture Papier Olin 250g - Reliure à la main

Ma première crise d’asthme m’a révélé la fragilité de l’équilibre de ma respiration, celle à qui je ne portais aucune attention jusque-là. Ce souffle qui m’accompagnait sans discontinuité, qui imprimait son rythme binaire, inspiration expiration, s’était soudain enrayé. J’étais privé de cet air illimité et invisiblequi habituellement me traverse. En nous traversant l'air anime, porte et met en mouvement. Soudain c'est la sensation d'être prisonnier de son propre corps, d'avoir les poumons pris dans un étau dont la pression ne faiblit pas, la cage thoracique n’a jamais aussi bien porté son nom. Les poumons, paroi poreuse entre le monde intérieur et extérieur, se transforment en muraille impénétrable. Seules les vaporisations quotidiennes de Ventoline, produit à la force libératrice, peuvent stopper cette inertie et faire sauter le verrou sur la poitrine.La crise d’asthme mime, de façon répétitive, la suffocation. Elle ne fait que mimer, son sort comme celui de toute crise c’est de ne durer que le temps d’atteindre son paroxysme avant sa résolution. En l’absence de crise, aucun signe ne permet de constater sa présence, elle ne laisse aucun stigmate, l'asthmatique est une personne ordinaire. La crise n’est pas réelle, tant qu’elle ne se manifeste pas.

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- Nuances / Marseille